En novembre 1957, une petite chienne errante de Moscou est devenue le premier être vivant à voyager dans l’espace. Laïka, embarquée à bord de Spoutnik 2, a marqué l’histoire de la conquête spatiale, mais son destin tragique soulève encore aujourd’hui des questions éthiques.
L’histoire de Laïka : de la rue à l’espace
Au début des années 1950, dans les rues glaciales de Moscou, une petite chienne errante au pelage clair menait une vie ordinaire. Cette chienne bâtarde, âgée d’environ trois ans, fut repérée par les scientifiques soviétiques pour sa docilité et sa résistance au froid. Baptisée Laïka, elle fut choisie parmi plusieurs candidates pour devenir le premier être vivant à voyager dans l’espace.
Les chercheurs privilégiaient les chiennes errantes car elles étaient déjà habituées aux conditions difficiles. Laïka présentait le profil idéal : petite taille, calme et capable de rester immobile pendant de longues périodes. Pendant plusieurs semaines, elle suivit un entraînement intensif pour s’habituer au confinement et aux contraintes de la capsule spatiale.
Le 3 novembre 1957, cette ancienne vagabonde moscovite s’envola vers les étoiles à bord de Spoutnik 2, devenant ainsi une héroïne de la conquête spatiale soviétique. Cette mission historique, précipitée pour célébrer le 40e anniversaire de la révolution d’Octobre, allait transformer à jamais le destin de cette humble chienne des rues.
La préparation de la mission Spoutnik 2
La mission Spoutnik 2 fut préparée dans l’urgence, sous la pression de Nikita Khrouchtchev qui souhaitait marquer les esprits après le succès de Spoutnik 1. Les ingénieurs soviétiques n’eurent que quatre semaines pour concevoir et construire le vaisseau spatial, un délai extraordinairement court pour l’époque.
La capsule de Laïka était équipée de systèmes vitaux essentiels :
- Un générateur d’oxygène
- Un dispositif d’absorption du CO2
- Un système de régulation thermique
- Des capteurs pour mesurer les signes vitaux
La chienne cosmonaute portait une combinaison spatiale spéciale et était attachée par un harnais lui permettant de se tenir debout ou assise. Son alimentation était assurée par un gel nutritif spécialement conçu. Malgré ces préparatifs, les scientifiques savaient que la mission était à sens unique : aucun système de retour n’avait été prévu pour ramener Laïka sur Terre.
Les dernières heures de Laïka
Le décollage de Spoutnik 2 se déroula le 3 novembre 1957 depuis la base de Baïkonour. Les données télémétriques montrèrent que Laïka était extrêmement stressée pendant le lancement, son rythme cardiaque atteignant trois fois son niveau normal. Une fois en orbite, la température de la capsule augmenta dramatiquement à cause d’une défaillance du système de régulation thermique.
Contrairement à ce que prétendit initialement la propagande soviétique, Laïka ne survécut que quelques heures. Elle mourut probablement de stress et de surchauffe environ sept heures après le décollage. Son corps se désintégra avec Spoutnik 2 lors de sa rentrée dans l’atmosphère en avril 1958, après 2 570 orbites autour de la Terre.
L’héritage et la controverse
La mission de Laïka a suscité une controverse internationale majeure sur l’utilisation des animaux dans la recherche spatiale. Si elle a démontré qu’un être vivant pouvait survivre au lancement et à la mise en orbite, son sacrifice délibéré a choqué l’opinion publique mondiale.
En URSS, Laïka fut longtemps présentée comme une héroïne de la conquête spatiale, mais en 2002, Oleg Gazenko, l’un des scientifiques responsables de la mission, exprima ses regrets : « Plus le temps passe, plus je suis désolé à ce sujet. Nous n’aurions pas dû le faire. »
Aujourd’hui, la petite chienne astronaute est commémorée par de nombreux monuments, notamment à Moscou. Son histoire continue d’inspirer artistes et écrivains, rappelant les sacrifices consentis au nom du progrès scientifique et questionnant notre rapport aux animaux.